L’économiste Michel Mouillart considère que l’immobilier français fait aujourd’hui face à « un problème d’une ampleur incomparable ». La crise financière et boursière de l’été et ses conséquences en termes d’offre de crédit vont mettre « entre parenthèses, pour deux ans au moins », la reprise du marché. Un marché qui devrait en outre pâtir des effets du durcissement de la fiscalité sur les plus-values immobilières et du coup de rabot de l’avantage Scellier en 2012, « mesures prises à contretemps » par le gouvernement.
(LaVieImmo.com) - La crise financière risque-t-elle d’affecter les marchés immobiliers ?
Michel Mouillart : A ce stade, il n’est plus question de risque : on sait que les marchés vont être affectés. Les scénarios élaborés avant l’été, dans un contexte certes tendu mais avec des banques qui avaient bien anticipé les modalités de la réforme Bâle III, ne sont plus d’actualité aujourd’hui. La crise de la dette qui sévit dans la quasi-totalité des Etats européens perturbe le refinancement des établissements bancaires et pèse sur le dynamisme de l’offre de crédit avec une force que personne n’avait anticipé. Les banques se voient contraintes de provisionner plus largement qu’avant et se montrent, à l’invitation des autorités monétaires, plus sélectives, plus prudentes dans leur politique d’octroi de prêts. Et qui dit moins de crédit dit, mécaniquement, moins d’activité sur le marché…