Avec la démission surprise de Jürgen Stark, chef-économiste de la BCE, survenue hier, une étape supplémentaire a été franchie dans le délitement de l’Europe.
Par Aurélien Véron
Un nouvel élément est venu creuser un peu plus le fossé qui sépare le nord du sud de l’Europe. Avec la démission surprise du chef-économiste de la BCE, Jürgen Stark, la BCE ne compte plus qu’un Allemand à son conseil, le président de la Bundesbank, Dr Jens Weidmann. Lui non plus ne se retrouve pas dans la politique récente menée par la BCE de rachat des obligations de pays du sud (qui tendent à en profiter pour reculer les réformes douloureuses). Stark a du courage de démissionner, il assume ses divergences profondes avec Jean-Claude Trichet. En revanche, quitter le navire en plein milieu d’une tempête peut s’apparenter à de l’irresponsabilité. Or, ce choix n’est pas pris à la légère, c’est pourquoi il est loin d’être anodin. Pour moi, il s’agit d’un signal très fort. Une étape supplémentaire a été franchie dans le délitement de l’Europe. En France, on rigole entre le futur candidat socialiste et les bons mots des uns et des autres. Mais les marchés, eux, sont lucides et plongent. Il est probable que la Grèce soit lâchée dans les prochaines semaines, peut-être les prochains jours. Nous devons aussi prendre en compte le risque que la zone du nord se sépare du sud. Il n’est pas certain, heureusement, mais il s’accroît chaque jour un peu plus.