Un sentiment diffus règne en Europe continentale que les Anglo-Saxons, avec leur presse comme relais, jettent de l'huile sur le feu de la crise de l'euro. Les politiques doivent mieux écouter les marchés, rétorquent les accusés.
Y a-t-il un complot des experts, des médias et des marchés anglo-saxons contre l'euro ? Beaucoup de dirigeants politiques et économiques d'Europe continentale ne sont pas loin de le penser même si cette conspiration serait sans doute « inconsciente », concèdent-ils. « Soit c'est de la bêtise, soit c'est de la malveillance, s'interrogeait un grand patron de banque française récemment à propos du traitement de la crise de l'euro par la presse et les experts américains ou britanniques. Soyons gentils, optons pour la première hypothèse. » Pour ces responsables, les marchés financiers, de culture anglo-saxonne, font semblant de ne pas comprendre deux choses. D'abord que la zone euro n'a pas des finances publiques plus dégradées que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. Ensuite, que le sens de l'histoire veut que l'Union européenne dépasse la crise monétaire actuelle de la même manière qu'elle a surmonté les précédentes, en en ressortant plus forte. En jetant de l'huile sur le feu, les médias et les experts anglo-saxons feraient preuve d'une irresponsabilité criminelle car les craintes des marchés sont autoréalisatrices dans un système qui repose sur la confiance…